L'’art de passer le temps un soir de noël quand on ne croit ni en Jésus ni au Père Noël

Publié le par Tamala75


Pas évident, clairement pas évident. Mais heureusement les chaînes hertziennes, la TNT et les bouquets satellitaires sont là pour occuper cette longue et pénible nuit de noël où la neige étend son manteau blanc. Quel choix cornélien entre un bon film familial dégoulinant de bons sentiments ou une émission de divertissement avec des chanteurs morts et des rires en boîtes. Aller va pour un bêtisier, c’est si bon de rire parfois.


Et c’est là que débute la vraie soirée de la loose. Le repas de noël est déjà loin, englouti devant un flot d’images et de sons, le poste déroule ses extraits de bêtisier comme autant de rouleaux de PQ. Un grand vide s’empare soudain de mon esprit et ensuite cette pensée d’une évidence fulgurante : mais rien à battre de noël ! Je vais me coucher tôt pour changer.

Donc bonne nuit les petits nenfants, me dis-je en éteignant à la source la maléfique lucarne. Un silence pesant envahi la pièce, puis mes yeux libérés de leur captivité cathodique fouillent les étagères de la bibliothèque à la recherche d’un nouveau sujet d’étude. Presque immédiatement un volume retient mon attention. Sa tranche est large, un long titre s’y étale en lettres rondes et noires. Oui ce sera toi l’élu, « the chosen one », my precious.

Manuel de Savoir vivre à l’usage des rustres et des malpolis – Dictionnaire superflu à l’usage des élites et des biens nantis – Chronique de la haine ordinaire. Un concentré de Desproges dans une édition France Loisirs achevée d’imprimer le 28 juillet 1988 sur les presses de l’imprimerie Hérissey à Evreux, dans l’Eure. Et dire que ce trésor dormait oublié sur une étagère depuis deux lustres. Hérésie. Blasphème. Décadence.

Je me plonge alors dans l’examen du sommaire du divin ouvrage et trouve rapidement une page qui sied parfaitement à l’ambiance de ce soir de nativité, et des festivités sylvestres à venir. « Bonne année mon cul », écrivait l’apôtre Pierre le 3 février 1986. Je vous livre ici la quintessence de la bonne parole Desprogienne :

« Janvier est de très loin le mois le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l’année. […] Et qu’est ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d’imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l’inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le père Lachaise… »


En cette nuit de noël je peux bien à présent le dire :  je ne crois ni en Jésus, ni au Père Noël, mais je crois en Pierre Desproges. D’ailleurs j’ai vu sa tombe au Père Lachaise.

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus sur cet ami des animaux : http://www.desproges.fr/

Publié dans surexposition

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article